INTERVIEW Juin 1998 - Laurent BOCQUET - The unofficial underground heavy metal bands' page présentée en anglais à cette adresse : http://home.nordnet.fr/~lbocquet/killers2.html
1) Salut Bruno. Alors, ça y est, le nouvel album de Killers est enfin disponible. Peux-tu le présenter?

FORT INTÉRIEUR ” est sorti début mai sur le label Brennus Records. Nous l’avons préparé et peaufiné durant l’année 97. Nous avons pris notre temps pour l’enregistrer, car comme tu le sais, nous avons monté notre propre studio. Nous sommes donc totalement libres au niveau planning, nous n’avons plus besoin de cravacher comme des fous pendant 15 jours ou trois semaines d’affilée pour enregistrer, comme cela s’est parfois passé pour d’autres albums. Cet album comporte 16 morceaux, pour une durée totale d’écoute de 71 minutes. Afin que chacun y trouve son compte, et surtout parce que c’est notre habitude, nous avons alterné les tempos. Il y a des morceaux speed, d’autres plus lourds, des tempos médium, et deux ballades comme nous les aimons.

2) Par rapport à vos dernières réalisations, cet album a un “je ne sais quoi” de plus. Il possède une certaine force, je dirais même une certaine sérénité. Es-tu d’accord avec moi et alors comment l’expliques-tu et comment le ressens-tu?

C’est l’âge, mon vieux! Plus sérieusement, je pense que cet album est le plus complet et le plus abouti jamais réalisé par Killers. Est-ce dû à une plus grande expérience, au temps qui passe, je ne sais pas trop. Je ressens une grande fierté pour cet album que j’aime vraiment beaucoup.

3)Patrick à la batterie s’en donne à coeur joie sur l’album. On sent qu’il s’est littéralement éclaté sur cet album. Comment expliquer cela? Est-ce la production et le son de l’album qui le mettent plus en valeur?

Pour cet album, nous avons voulu privilégier au maximum un rendu “ feeling”. Nous n’avons pas cherché à avoir le gros son qui tue, que ce soit au niveau batterie ou guitares. Il n’y a pas beaucoup d’effets, ni sur les instruments, encore moins sur la voix. Il est sûr que l’on est beaucoup plus détendu quand on n’a pas de contraintes de timing, et le final s’en ressent. Patrick, autant que les autres, a joué comme il le sentait, sans se prendre la tête. C’est sûr que si tu es moins stressé, ça s’entend!

4) Tout en gardant la griffe Killers, on ressent une nette évolution sur certains titres. Est-ce-que le groupe a enrichi la sphère de ses influences, ou est-ce-dû à un plus grand effort de composition et de diversification?

Tout d’abord, avec l’arrivée de Ronan à la guitare en avril 96, il est indéniable qu’un souffle d’air nouveau est apparu dans le groupe... un peu de chair fraîche! Il a inconsciemment amené ses influences au niveau solos. Et puis, il ne faut pas oublier que l’album précédent était sorti en novembre 1995, cela fait donc une coupure de deux ans et demi. Je mets volontairement le live à part, car un album live est toujours un instantané, tu ne peux pas faire marche arrière. En deux ans et demi, il est normal d’évoluer, que ce soit au niveau musique ou paroles. Tu n’as qu’à écouter les albums des “vieux” groupes qui sont sortis ces derniers mois, ils restent fidèles à eux-mêmes, tout en ajoutant une note plus fraîche à leurs compos, et ça ne dénote pas du tout.

5) Encore une fois, un titre en basque fait son apparition. Peux-tu nous expliquer ce titre, sa signification, et pourquoi le groupe l’a repris?

Cette reprise est une chanson d’un groupe basque qui s’appelle GUK (prononcez GOUK). Ils font une musique traditionnelle, surtout acoustique. Cette chanson m’a toujours particulièrement touchée. C’est un morceau en hommage à un jeune militant basque, Didier Lafitte, qui fut abattu le 1er mars 1984 à Bayonne, au cours d’une arrestation-western, par des flics.
Le titre ARRANTZALE signifie en basque PECHEUR, car Didier était pêcheur de métier. Notre version musicale est bien différente de l’original, mais l’hommage rendu et le soutien sont sans failles.

6) Alors que Vulcain annonce qu’il jette l’éponge, on ressent chez Killers une vitalité incroyable. Comment expliques-tu ces différences entre vos 2 groupes (qui, je le rappelle, sont les 2 derniers des années 80 en exercice)?

J’ai effectivement appris que Vulcain souhaitait arrêter après la sortie de leur album. Je suppose qu’ils ont leurs raisons pour cesser le groupe après toutes ces années, et il faut respecter leur décision. C’est évidemment toujours triste d’apprendre une pareille nouvelle, surtout pour le public qui les suit depuis leurs débuts.

Toutefois, je ne pense pas qu’il y ait tant de différences entre Vulcain et nous. Bien sûr, nous ne faisons pas exactement la même musique, mais nous sommes 2 groupes “anciens”comme tu le dis toi même, avec des âges à peu près identiques. Contrairement à un groupe qui n’a que peu d’années d’expérience, nous avons connu pas mal d’évènements depuis les années 80 ou 85. Les choses bougent évidemment. En ce qui concerne Killers, pour le moment, nous continuons notre bonhomme de chemin. On ne peut bien sûr jamais présager de l’avenir, mais j’espère sincèrement que Killers a encore de longues années devant lui, même si j’en reste au bout le seul survivant!!! Et il faut espérer que pour leurs derniers concerts, les gens se bougeront le cul pour aller voir Vulcain, histoire de les remercier comme ils le méritent pour toutes ces années de musique.

7) Aurons-nous la chance de voir dans le Nord et dans toute la France Killers sur les routes? Si oui/non, pourquoi?

Pour le moment, les concerts prévus sont dans notre région. Toutefois, nous sommes prêts à jouer dans tous les coins. Malheureusement, nous ne pouvons pas organiser de concerts à distance (je le précise, car nous l’avons fait par le passé, et c’est vraiment la galère!). Nous ne prévoyons pas de tournée, car cela n’est pas envisageable au point de vue financier, cela implique trop de choses. En revanche, nous sommes ouverts à toute proposition, que les éventuels organisateurs n’hésitent pas à nous contacter, d’ailleurs, nous n’avons jamais joué dans le Nord.

8) Encore une fois, les textes de cet album sont très engagés et renouent également avec l’esprit de certains textes de tes débuts. Peux-tu nous présenter ceux qui te tiennent le plus à coeur?

Tu sais, c’est un vrai privilège de pouvoir s’exprimer ainsi. L’écriture est un véritable exutoire, et j’aurais assez de mal à m’en passer. Toutefois, mes textes et la musique de Killers forment un tout, il n’est pas possible de les dissocier. J’essaie tout simplement de parler de choses qui me tiennent à coeur, d’exprimer des sentiments en refusant de tomber dans la futilité ou la niaiserie. Quant à savoir lesquels me plaisent le plus, c’est un peu comme si tu demandais à un père quel est son enfant préféré, la réponse est vraiment délicate! Tous mes textes me plaisent, dans la mesure où ils représentent chacun un instant précis.

9)Je sais que Killers a investi dans son propre studio, mais qu’au lieu d’en garder l’exclusivité, tu le mets à la disposition de tes amis, comme Arsenic. Est-ce-là une carrière de producteur qui s’engage? Quels sont alors les prochains enregistrements qui sortiront du studio, si tu peux en parler, bien sûr?

Ta question tombe bien, car Arsenic est actuellement en studio ici, pour leur second album. Ils gardent un bon souvenir de leur premier passage ici, et ont voulu renouveler l’expérience à Bardos. Je n’aime pas trop le terme de producteur, un peu prétentieux et trop galvaudé à mon goût! Le mois dernier, j’ai enregistré un groupe de rock de la région de Tarbes pour un C.D. 5 titres. Tout est fonction de la demande du groupe potentiel qui voudrait venir ici, mais pourquoi pas?

10) Si un groupe de death metal et un groupe de black metal te demandent de les enregistrer chez toi, accepterais-tu? Apprécies-tu par ailleurs ces styles?

Tu sais, tout est question de feeling. Il est sûr que je ne pourrais pas enregistrer des mecs qui sont des vrais têtes de c...! Quand tu dois passer 9 heures par jour en studio avec quelqu’un, il faut bien s’entendre, sinon, c’est l’enfer!
Ensuite, je ne suis pas bloqué envers tel ou tel style musical. Il est certain que j’écoute plus de heavy que de death, mais l’important est que la musique soit bien faite, c’est tout. Comme je te le disais précédemment, j’ai enregistré un groupe de rock, style Bertignac. Je crois que le seul style que je refuserais serait la techno ou autres daubes du même acabit! La musique, c’est un tout : si le groupe fait de supers morceaux, mais que les mecs sont trop cons, c’est certain que ça ne collera pas du tout, ils n’ont même pas besoin de me contacter, ce sera non à l’avance.Il est hors de question d’enregistrer des groupes dans un but uniquement lucratif, il faut que leur musique me plaise.

11) Comme toujours, je te laisse le mot de la fin...

Tout d’abord, un grand merci à toi pour cette interview.
Ensuite, merci à tous ceux qui nous soutiennent et qui nous font aller de l’avant, cela nous motive et nous encourage.
Quant à ceux qui ne nous connaissent pas encore, écoutez “FORT INTÉRIEUR”, vous m’en direz des nouvelles...

 

1)Hello Bruno. Then, the new album of Killers is finally available. Can you present it?

" FORT INTERIEUR " came out at the beginning of May on the label Brennus Records. We prepared it and polished during the year 97. We took our time to record it, because as you know it, we assembled it in our own studio. We are thus completely free on the level planning, we do not need more to run & run like the insane ones during 15 days or three weeks of at a stretch to record, as that sometimes occurred for other albums. This album comprises 16 pieces, for one total duration of 71 minutes listening. So that each one finds its account there, and especially because it is our practice, we alternated the tempos. There are pieces speed, others heavier, tempos medium, and two ballades as we like them.

2) Compared to your last achievements, this album has one " I do not know what " moreover. It has a certain force, I would say even a certain serenity. Do you agree with me and then how do you explain it and how does it feel to you?

It is the age, my old man! More seriously, I think that this album is the most complete and succeeded one ever realized by Killers. Is this due to a greater experiment, to the time that passes by, I do not know too much. I feel a great pride for this album that I like really much.

3)Patrick with the drums seems to have taken a lot of pleasure playing on the album. It is like hewas literally burst on this album. How do you explain that? Is this the production and the sound of the album which emphasizes him more?

For this album, we wanted to privilege to the maximum one returned " feeling ". We did not seek to have the large sound which kills, that it is on the level drums or guitars. There are not many effects, nor on the instruments, even less on the voice. It is sure that one is slackened much more when one does not have constraints of timing, and the final one feels some. Patrick, as much as the others, played as it felt it, without being caught the head. It is sure that if you are stressed less, that gets along!

4) while keeping the Killers touch, one feels a clear evolution on certain titles. Did the band enrich the sphere of its influences, or is-it-due to a main effort of composition and diversification?

First of all, with the arrival of Ronan to the guitar in April 96, it is undeniable that a new air blast appeared in the band... a little fresh flesh! He unconsciously brought his influences to the level solos. And then, it should not be forgotten that the preceding album had come out in November 1995, that thus made a two years & half old cut . I voluntarily put the live one aside, because an album live is always instantaneous, you cannot go into reverse. In two years and half, it is normal to evolve/move, that it is on the level music or words. You have only to listen to the albums of the " old " groups which came out these last months, they remain faithful to themselves, while adding a fresher note to their compos, and that does not indicate at all.

5) Once again, a title out of Basque makes its appearance. Can you explain us this title, his significance, and why the band did it again?

This cover is a song of a Basque group which is called GUK (pronounce GOUK). They make a traditional music, especially acoustic. This song always particularly touched me. It is a piece in homage to a young Basque militant, Didier Lafitte, who was killed on March 1, 1984 in Bayonne, during a arrest-western, by cops. Title ARRANTZALE means out of Basque "PECHEUR" ( Sailor), & Didier was a fisherman. Our musical version is quite different from the original, but the paid homage and the support are without faults.

6) Whereas Vulcain announces that it throws sponge, one feels in Killers an incredible vitality. How do you explain these differences between your 2 groups (which, I point out it, are the 2 last of the Eighties in exercise)?

I actually learned that Vulcain wished to stop after the output of their album. I suppose that they have their reasons to cease the group after all these years, and we should respect their decision. It is obviously always sad to learn a similar news, especially for the public which follows them since their beginnings. However, I do not think that there are so many differences between Vulcain and us. Of course, we do not make the same music exactly, but we are 2 « old bands » like you even say it, with about identical ages. Contrary to a band which has only few years of experiment, we knew not badly events since the Eighties or 85. The things move obviously. With regard to Killers, for the moment, we continue our catch of path. One can of course never predict future, but I sincerely hope that Killers still has long years in front of him, even if I must be the only survivor!!! And it should be hoped that for their last concerts, people will move the bottom to go to see Vulcain, to thank them as they deserve it for all these years of music.

7) will we be likely to see Killers on stage in the North of France, ? If yes/no, why?

For the moment, the concerts envisaged are in our area. However, we are ready to play in all the corners. Unfortunately, we cannot organize concerts by ourselves (I specify it, because we did it in the past, and it really brings some problems for us!). We do not envisage a round, because that is not possible from the financial point of view, that implies too many things. On the other hand, we are opened with any proposal, that the possible organizers do not hesitate to contact us, moreover, we never played in North.

8) Once again, the lyrics of this album are very committed and also close to the spirit of certain lyrics of your beginnings. Can you present those that hold you more with heart?

You know, it is a true privilege to be able to express itself thus. The writing is a true discharge system, and I would have enough evil to me to pass some. However, my texts and the music of Killers form a whole, it is not possible to dissociate them. I quite simply try to speak about things which hold me with heart, to express feelings while refusing to fall into futility or the silliness. As for knowing which one I like more, it is like if you asked a father which child is his preferred one, the answer is really delicate! I like all my texts, insofar as they represent each one one precise moment.

9) I know that Killers invested in its own studio, but that instead of keeping exclusiveness in it, you place it at the disposal of your friends, like Arsenic. Is this a career of producer that you engage? Which are then the next recordings which will come out of the studio, if you can speak about it, of course?

Your question falls well, because Arsenic is currently in studio here, for their second album. They have a good memory of their first passage here, and wanted to renew the experiment with Bardos. I do not like too the term of producer, a little pretentious with my taste! The last month, I recorded a group of rock'n'roll of the area of Tarbes for a C.D. 5 titles. All is a function of the request of the potential group which would like to come here, but why not?

10) If a death metal and a black metal band require you to record them at home, would you accept? Do you appreciate these styles ?

You know, all is question of feeling. It is sure that I could not record guys who are truths heads of shit...! When you must spend 9 hours per day in studio with somebody, it is necessary well to get along, if not, it is the hell! Then, I am not blocked towards such or such musical style. It is certain that I listen to more heavy than death metal, but the significant one is that the music is well made, it is all. As I said to you previously, I recorded a group of rock'n'roll in a Bertignac style ( ex Telephone, a famous rock band in France). I believe that the only style that I would refuse would be the techno or other stews of the same style! Music is a whole: if songs are very good, but that the guys are too idiots, it is certain that I will not stick at all, they do not even need to contact me. It is out of question of recording groups with an only lucrative aim, it is necessary that I like their music.

11) As always, I leave you the final word ...

First of all, a big thanks to you for this interview. Then, thank you for all those which support us and which make us go from the front one, they motivate us and encourage us. & for those which do not know us yet, listen to " FORT INTERIEUR ", & then send me back news...