INTERVIEW LAITITIA JUIN 2002

Je suis LAITITIA.
J'ai douze ans et je voudrais faire découvrir votre musique à tous mes camarades de classe pendant notre cours de musique.
D'avance merci.

Pouvez-vous me présenter le groupe ?

Je suis Bruno DOLHEGUY, guitariste / chanteur dans KILLERS.
On a sorti à ce jour 12 albums dont un enregistré en public , une version anglaise de notre dernier cd inédit et un réenregistrement.des parties vocales d'un ancien album.

On a donc commencé avec une formation à cinq dans laquelle je n'étais que guitariste pour finalement passer au chant en 1991 et conserver cette formule à quatre depuis maintenant presque onze ans.

Il y a Florent POUEY à la batterie, Patrick OLIVER à la basse, Thierry ANDRIEU à la guitare et donc moi, à la guitare et au chant.
On est basé géographiquement sur le Pays Basque dans le secteur de Bayonne.
( Je suis de BARDOS, Florent est de BIDACHE, Thierry habite BAYONNE et est originaire de MOUGUERRE ELIZABERRY, Patrick est de VIC EN BIGORRE mais va habiter à HÉLETTE dès ce début d'été ).

On évolue plutôt actuellement dans un esprit musical à tempo rapide avec toujours des paroles en français même si on a déjà dans notre répertoire trois morceaux chantés en basque.

Depuis combien d'années existe le groupe ?

KILLERS existe depuis 1984. Ça fait donc un peu plus de dix sept ans.

Pourquoi ce nom KILLERS ?

Pour le nom, c'est tout simple : il faut faire référence à l'album "Killers" d'IRON MAIDEN qui nous avait pas mal marqué à l'époque.
Ensuite il y a le fait que je cherchais un nom qui commence par un "K" : pourquoi je ne sais pas mais c'est comme ça …

Et puis au début j'étais pas mal inspiré par cet univers de "tueurs" qui me semblait intéressant pour tout ce qui concernait l'écriture des textes.

Ça ne voulait pas dire que j'avais des envies de meurtres ou que je cautionnais ces actes mais tout simplement que l'univers de la mort me semblait tellement présent dans nos vies qu'il fallait d'une certaine manière essayer d'en capter l'énergie négative pour mieux se convaincre d'apprécier la vie qui nous est précieuse.

( KILLERS est un mot anglais qui se traduit en français par "les tueurs" )

Peut-on dire que votre musique est du Rock Metal ou du Hard Rock ?

Hard Rock est l'appellation générale qui a vu le jour quand des groupes ont commencé à durcir le Rock dans les années soixante dix en y introduisant notamment beaucoup de guitares jouées avec des sons saturés.
Il est bien évident que depuis, à l'intérieur même de cette appellation, il y a eu énormément d'approches musicales différentes.
Certaines plus "douces", d'autres plus radicales.

Le terme "Metal" est alors apparu et on trouve maintenant par exemple du Heavy Metal ( plutôt lourd en tempo ), du Speed Metal ( rapide ), du Thrash Metal ( encore plus rapide ), du Death Metal ( encore plus rapide et violent ), du Black Metal ( sombre ), du Neo Metal ( nouveau, mode actuelle ), du Metal progressif ( plus technique et plus calme ), du Grind, du Hardcore et du Grindcore( très violent ).

Pour ce qui nous concerne, on se situe de plus en plus dans un esprit Speed voire parfois Thrash Metal.
Par contre, je crois pouvoir affirmer qu'on a une réelle identité et une touche qui nous est personnelle.
C'est ça qui me rend très fier : il ne sert à rien d'imiter, il vaut mieux tout mettre en œuvre pour essayer d'arriver à exprimer sa propre sensibilité.

Comment vous est venue l'envie de former KILLERS ?
Avez-vous toujours fait ce genre de musique ?

L'envie de former KILLERS est en fait un cheminement musical.
On a commencé en massacrant des morceaux au fin fond d'une grange en 1979.
Quand je dis "massacrer" c'est un peu exagéré, c'est surtout qu'on faisait tourner les passages que nos niveaux musicaux limités nous permettaient de jouer.
Par exemple, on jouait des morceaux de Hard Rock de l'époque plutôt basiques qui nous branchaient bien comme "Attention contrôle" d'OCÉAN mais juste l'intro et le couplet parce que le refrain commencait à nous demander trop de niveau.
Donc on tournait des trucs qui nous éclataient pendant des heures sans se poser trop de questions et ça nous convenait tout à fait.
Après on s'est quand même dit qu'il fallait qu'on arrive à se les compléter ces satanés morceaux et on y est peu à peu arrivé.
J'ai eu ensuite l'opportunité de rejoindre le groupe dans lequel chantait Patrice LE CALVEZ ( 1er chanteur de KILLERS ) en tant que guitariste rythmique.
On faisait du bal avec un répertoire essentiellement basé sur des groupes comme STATUS QUO, DEEP PURPLE, RORY GALLAGHER, TED NUGENT, VAN HALEN, AC/DC, TRUST, SAXON, IRON MAIDEN, SCORPIONS, TÉLÉPHONE, DUTRONC, CAPDEVIELLE, CABREL, ROLLING STONES.

On jouait également des compos du guitariste soliste.

Ensuite le guitariste soliste et le bassiste ont laissé tomber et on a continué en rajoutant des morceaux de JUDAS PRIEST, DEF LEPPARD, KROKUS par exemple.

Au moment où ils ont laissé tomber le groupe ( pour des problèmes auditifs ), on n'a pas pu assurer un bal important et on a décidé de changer de nom pour éviter des embrouilles de crédibilité qui auraient pu découler de cette annulation et on a donc décidé en une soirée de s'appeler KILLERS .

A partir de là, on a continué en bal en commençant à inclure des nouvelles compositions à notre répertoire.

Et puis de fil en aiguille, on a décidé de laisser tomber les bals pour tenter notre chance dans un tremplin rock qui s'est déroulé en 1984 sur Bayonne.

On a remporté ce tremplin rock et à partir de là on est parti dans l'idée de sortir notre premier album.

Qui écrit les paroles et les musiques ?

Les textes ont toujours été très importants dans KILLERS et j'ai la chance et l'honneur de les écrire depuis le tout début.

Pour ce qui est des musiques, je m'en suis le plus souvent chargé par le passé mais maintenant Thierry s'implique de plus en plus dans la composition et j'en suis vraiment très heureux car cela nous permet d'élargir notre horizon musical.Dans KILLERS, la composition d'un morceau démarre toujours d'une partie de guitare.

Les textes de vos chansons sont souvent très forts. Cela est-il une forme de rebellion ?

Parfois c'est le cas mais je parlerai plutôt d'exutoire dans le sens où je considère qu'il est important de pouvoir exprimer ses sentiments par le biais d'une expression musicale ou littéraire.

Il faut absolument se donner les moyens d'exprimer ses états d'âme par une expression artistique : c'est extrèmement important pour arriver à cheminer correctement sur une route qui n'est pas toujours celle que l'on a désirée.

Tu peux très bien avoir une activité professionnelle complétement différente mais profiter de ta réceptivité ou de ta créativité artistique pour l'accompagner d'une façon plus positive.

Dans les radios on entend peu votre style de musique ( à mon grand regret ).
Pourquoi ? N'est-elle pas assez commerciale ?

Le Hard Rock a toujours été un très gros marché en terme de ventes de disques mais il est vrai que les radios n'en passent que très peu voire quasiment pas.
Ce n'est pas vraiment un problème car les fans de cette musique n'appréciraient pas forcément beaucoup que les impératifs commerciaux deviennent trop prépondérants.

D'autre-part, comme il ne s'agit pas d'une mode, le fait de ne pas trop passer en radio serait plutôt un gage de longévité car nous ne sommes pas tributaires du bon vouloir des programmateurs.

Comment produisez-vous vos disques ?

Pour ce qui est de la production en termes financiers, nous sommes par choix nos propres producteurs car nous sommes ainsi totalement libres de faire ce que bon nous semble. Idem pour la production artistique : nous nous occupons de tous les choix selon notre propre sensibilité.

Où les enregistrez-vous ?

Pour les cinq premiers albums on a fréquenté cinq studios différents. ( Bordeaux, Auvers sur oise près de Paris et Vic en Bigorre ).
Ensuite en 1994, j'ai pris le parti d'aménager notre propre studio d'enregistrement à Bardos.

C'est le mieux pour nous car on est totalement libres tant au point de vue artistique que financier.
De plus en plus de groupes ont adopté cette solution qui va complétement dans le sens de rendre plus accessible les premiers pas discographiques des jeunes groupes.

Avec l'avénement de l'informatique le matériel est devenu beaucoup plus accessible et c'est bien-sûr une excellente chose.

Comment vendez-vous vos disques ?

Tous nos disques sont référencés sur un excellent label qui se nomme BRENNUS.
C'est le label qui s'occupe de la distribution ( mise en place des cd et gestion des invendus et des réapprovisionnements ).
D'un autre côté, nous sommes en relation avec plusieurs centaines de correspondants fidèles qui choisissent de nous les acheter directement.
On a toujours eu ce type de rapport avec ceux qui nous font l'honneur d'apprécier notre musique et on continue donc à gérer également ce type de vente.

Quels sont les pays les plus ouverts à votre style de musique ?

Vu qu'on chante en français, il est clair qu'on trouve d'abord les pays francophones.
Ensuite on trouve l'Allemagne qui est LE pays du Metal en Europe.

On a toujours été très appréciés en Allemagne et cela a été récompensé par notre participation en 1999 au festival de WACKEN ( près de HAMBOURG ).
C'est un des plus gros festivals du monde pour le Metal qui a accueilli vingt cinq milles personnes l'année où les organisateurs nous ont fait l'honneur de nous inviter.

A quand votre prochain album ?

Il sortira de toute façon avant la fin de l'année.
Nous avons arrêtés les concerts pour les mois de juillet et d'août pour les reprendre en septembre d'abord en Bourgogne puis sur Paris.
Après le décès de Nicko il y a tout juste un an il fallait absolument qu'on tourne pour éviter de sombrer dans des idées noires qui ne nous auraient mené à rien.
Pour ceux qui ne sont pas totalement au fait de notre histoire : Nicko était notre batteur. Il est le frère de Thierry et il est décédé le 16 juin 2001 des suites d'un accident de moto.Pour Nicko, je pourrais simplement te parler de ce qui nous manque le plus le concernant :sa bonne humeur, son insouciance, sa faculté à tout relativiser pour ne garder que le côté plaisant des choses, son sens de la fête et des plaisirs de la vie, ses sourires et ses rires nerveux communicatifs, ses perpétuelles vannes suivies de ces mêmes pouffements hilares, son naturel qui mets immédiatement tout le monde à l'aise, sa gentillesse, son aptitude à conjurer les mauvais délires pour irradier tout le monde avec une simple plaisanterie. Je pourrais t'en faire un roman tellement il était plein de vie et de générosité naturelle.On ne peux rien changer malheureusement au fait qu'il nous ait quitté mais ce qui est pour moi exceptionnel c'est qu'on a tous un peu grace à lui ces qualités bien ancrées en nous.La seule chose qu'il n'aurait pas apprécié ce sont les larmes qu'on verse tous parfois chacun dans son coin en pensant à lui mais ça c'est pas évident à éviter et ça restera malheureusement.

Après ce qui me fait plaisir c'est que le "KILLERS actuel" est humainement indestructible car on a tous profondément en conscience que les histoires de certains sont bien futiles en rapport au plaisir qu'il y a à se retrouver ensembles à tout simplement vivre et plaisanter.

Et le prochain concert dans les environs ?

Actuellement rien n'est prévu officiellement dans les environs mais je pense qu'on sera en mesure de confirmer deux ou trois dates d'ici la fin de l'année.

J'espère pouvoir faire connaître davantage votre groupe à mes camarades de classe et à mon professeur de musique.
En vous remerciant tous beaucoup, je vous embrasse.

Merci à toi, merci à tes camarades et tous nos encouragements à ton professeur qui a tout à fait raison d'avoir choisi de vous faire aimer toutes les musiques.

Amitiés à tous et bonnes musiques …

INTERVIEW LAITITIA JUIN 2002