1
- Que s'est-il passé avec l'ancien line-up ?
"
FORT INTÉRIEUR " (notre 8ème album) est sorti en 1998.J'avais
composé la majorité des morceaux en 95 et 96.
Je trouve qu'un tel délai n'est pas acceptable.
Nous avons tardé le plus souvent pour des raisons extra-musicales,
à finaliser cet album.
Il était hors de question que cela se reproduise pour le neuvième
album.
J'ai composé les nouveaux morceaux immédiatement après
la sortie de " FORT INTÉRIEUR ".
Voyant que la motivation n'était pas totale, j'ai préféré annoncer aux autres mon intention de ne pas enregistrer ce nouvel album
avec eux.
Je n'avais pas envie d'être à nouveau le seul et unique moteur
de KILLERS.
C'est trop usant, je préfère me consacrer à ma passion
en partageant ce bonheur avec des gens qui ont vraiment envie de jouer.
2
- Peux-tu nous présenter les nouveaux musiciens ?
Il
y a Patrick OLIVER à la basse, Thierry ANDRIEU à la guitare
et Nicko (son frère) à la batterie.
3
- Le titre de l'album provient-il de ce changement de line-up ?
Il
y a bien évidemment une allusion à ce changement de line-up.
Patrick, Nicko et Thierry apportent un sang neuf incontestable.
Ils ne se prennent pas la tête et ne me la prennent pas non plus
car leur énergie est naturellement présente.
Ils jouent pour le groupe en s'éclatant et ça fait vraiment
plaisir.
Ils s'investissent à fond et le dixième album comprendra
des morceaux qui porteront leurs personnalités.
Cela n'est pas souvent arrivé dans KILLERS où je me devais
de porter seul l'orientation musicale du groupe.
Ce qui est sûr, c'est que nous ne donnerons pas dans la guimauve.
4
- Peux-tu nous présenter cet album ?
Il
se nomme " 109 " et contient 12 morceaux. Il est sorti chez
BRENNUS en distribution Night & Day.
Les morceaux sont dans la plus pure tradition de KILLERS, à savoir
que les tempos sont variés avec un retour assez marqué à
un jeu de batterie en double grosses caisses que j'affectionne tout particulièrement
depuis nos débuts en 83/84.
Le chant est toujours en Français.
C'est incontestablement notre meilleur album à ce jour et j'encourage
tous ceux qui ne nous connaîtraient pas à le faire en commençant
par cet album.
5
- Comment procèdes-tu pour écrire les textes ?
J'écris
les textes de plus en plus tardivement pour bien avoir le temps de percevoir
l'ambiance véhiculée par la musique.
J'ai quand même depuis le tout début de la composition une
idée précise de la ligne de chant.
Je me chante toujours intérieurement cette ligne à chaque
moment où le morceau est " visité ".
Puis à un moment précis, je me lance comme si un déclic
s'effectuait et cela vient tout naturellement.
Je retouche parfois certaines choses mais le plus souvent cela va assez
vite.
Je ne crois pas qu'il faille trop rester sur l'élaboration d'un
texte car on se prend vite la tête et le résultat s'en ressent.
Il faut jouer sur la spontanéité et se laisser guider par
l'intérêt que l'on porte au sujet abordé.
C'est pour cela qu'il est important de ne pas avoir tout à faire
en même temps.
Il est bon que les structures et les mélodies soient déjà
établies.
En ce qui concerne l'inspiration, j'essaie de renouveler les thèmes
car on a souvent tendance à se servir des ficelles que l'on porte
naturellement en soi.
C'est pas forcément évident mais c'est un défi de
chaque instant qui t'oblige à toujours te remettre en question.
C'est un peu la même chose avec la musique d'ailleurs.
6
- Comment fais-tu pour conserver cette fougue, malgré ton expérience
et le nombre d'album que tu as sorti ?
Je
ne la conserve pas malgré mon expérience mais plutôt
grâce à celle-ci.
J'ai appris à canaliser mon énergie en évitant, autant
que faire se peut, les situations usantes qui font que peu à peu
la passion s'estompe.
Le changement de line-up évoqué dans ta première
question en est une illustration.
Tu ne peux pas être constamment sur le fil du rasoir, il faut savoir
s'aménager des périodes de réflexion qui sont au
bout du compte aussi prolifiques que les moments d'intense activité.
Le simple fait de prendre un peu de recul pour analyser les choses te
permet de porter des coups beaucoup plus incisifs lorsque tu décides
que le moment est venu d'écrire une nouvelle page.
Sinon, il est bien sûr évident que la passion est le principal
moteur de toute activité artistique.
En ce qui me concerne, elle reste intacte et chaque album réalisé
la décuple.
7 - Comment faut-il considérer Killers :
un groupe à part entière ou le projet musical de Bruno Dolheguy
?
Je
ne serai rien sans les musiciens qui m'ont fait l'honneur et l'amitié de m'accompagner au sein de KILLERS.
Je crois que je suis un rouage à la fois dépositaire et
instigateur d'un certain esprit qui perdure et évolue malgré
les verbiages entendus de certains journalistes qui se complaisent à
nous croire figés dans un style musical qu'ils jugent obsolète.
Le plus marrant, c'est que ces mêmes journalistes sont les premiers
à faire des courbettes à des vétérans en vantant
leur fidélité tout en portant aux nues des nouveaux groupes
qui ne font que reprendre le flambeau et la crédibilité
de ces groupes légendaires.
On nous taxe de " groupe de Hard-rock des années 80 "
mais on s'extasie devant les nouveaux groupes de " True metal ".
Y'a vraiment des trucs qui sont difficiles à accepter.
C'est comme les larmes de crocodile que certains versent quand un groupe
français jette l'éponge.
Ils feraient mieux de s'interroger sur le fait de savoir s'ils ont vraiment
soutenus ces groupes au moment où ils étaient encore en
activité.
8
- Quel regard portes-tu à la scène actuelle ?
A
part KILLERS, je n'ai pas l'occasion d'écouter beaucoup de choses.
Je n'ai donc pas un regard très attentif d'autant que pour être
tout à fait franc, peu de groupes ont suscités en moi une
excitation réelle durant ces cinq dernières années.
Je préfère donc pour ma part consacrer mes rares moments
d'écoute à des valeurs sûres qui restent fidèles
au Heavy pur et dur.
9
- Vis-tu de la musique ?
Je
ne vis pas complètement de la musique.
Disons que la France n'a pas encore un potentiel assez important pour
permettre à un musicien de Heavy de vivre totalement de sa musique.
Ce n'est pas trop gênant pour moi car j'ai su m'organiser en fonction
de cette réalité mais il est vrai que ce n'est pas toujours
simple.
Ce n'est de toute façon pas ma préoccupation. |