INTERVIEW WEBZINE CYCLOMOTEUR décembre 2001

Si vous vous interressez un peu à l'histoire du Heavy, outre un merveilleux album de MAIDEN ou un groupe de repêchage pour Sir Di'Anno, KILLERS est une formation hexagonale que l'on peut hisser au rang d'irréductibles.

Après presque 18 ans d'agression sonore et un "Mauvaises Graines / Killing Games", petit bijou de Heavy-Speed, notre petit groupe basque envisage de remettre le couvert pour le printemps 2002. Pour l'occasion, j'ai questionné le 'sieur Bruno DOLHEGUY, l'âme bien-pensante de KILLERS.


Cyclobob : Salut Bruno, tu vas bien ?

Bruno : ça va ; on revient tout juste de concert et c'est toujours un plaisir renouvellé : rien de tel pour s'aérer l'esprit et dépenser notre énergie positivement.
On a la chance de rencontrer des gens adorables et c'est vraiment ce que nous recherchons actuellement.

C. : En guise de première question, peux-tu nous présenter l'actuel line-up de KILLERS pour les concerts ?

B. : Il y a toujours Patrick OLIVER à la basse, Thierry ANDRIEU à la guitare et donc Florent POUEY à la batterie qui nous accompagne depuis le décès de Nicko.

C. : Est-ce la même troupe que l'on retrouve sur l'enregistrement du nouvel album

B. : Oui et j'espère vraiment que ce sera le cas pour quelques dizaines d'années encore.

C. : L'album est prévu pour avril ; mais peux-tu nous donner quelques infos sur le successeur de "Mauvaises Graines / Killing Games" ?

B. : La date du mois d'avril dépendra du nombre de concerts qu'on aura en début 2002. A priori il y en aura pas mal mais on essaiera de faire au mieux pour s'y tenir.
Les textes seront comme d'habitude en français. On a fait une première sélection d'une vingtaine de morceaux mais au final on n'en retiendra qu'une douzaine.

C. : Ce dernier sera-t-il dans la meme veine que "Mauvaises Graines", c'est-à-dire plutôt "carton", ou contiendra-t-il des titres plus nuancés comme on en retrouve sur "Fort Intérieur" pour ne pas remonter trop loin ? Je pense notament à Allez Vous Faire ... par exemple.

B. : On continuera dans un esprit plutôt carton et énergique. Il y aura toujours quelques titres plus nuancés mais dans une proportion bien moindre que par le passé. Patrick, Thierry et Florent sont plutôt portés sur l'énergie et ce n'est bien-sûr pas fait pour me déplaire.

C. : Tu avais annoncé que tous les albums à partir de 2001 sortiraient en français et en anglais, c'est toujours d'actualité ?

B. : Oui. Cela dépendra bien sûr de notre planning mais je ferai tout pour qu'il en soit ainsi. Il y aura une différence à savoir que ce ne seront pas les mêmes titres qui se trouveront sur les deux versions. Deux tiers seront communs mais le dernier tiers sera composé de morceaux totalement inédits à l'une ou l'autre des versions.

C. : As-tu eu un détail des ventes de "Mauvaises Graines / Killing Games" dans chaque langue ?

B. : Actuellement pour chaque album on tourne entre trois et quatre milles ventes effectives. Je parle de ventes effectives car beaucoup avancent des chiffres qui en réalité ne sont que des mises en place. Ce n'est absolument pas la même chose et je crois que compte-tenu de nos moyens et de ceux de notre label c'est un chiffre que peu de groupes hexagonaux de Metal peuvent réaliser actuellement.

C. : La réedition de "Mises Aux Poings" était-elle vraiment nécessaire ?

B. : "Mise aux Poings" est sorti en 1987 avec un chant que pas mal de correspondants de KILLERS trouvaient un peu trop agressif. Cela a donc contribué au fait qu'il s'est toujours classé en queue de peloton des albums préférés de KILLERS. J'aime beaucoup cet album tant au niveau des compositions qu'au niveau des textes et j'ai souhaité qu'il puisse connaître une nouvelle existence plus favorable plus de 14 ans après son enregistrement. Pour cela j'ai refait toutes les parties vocales et à priori le résultat semble plaire car au bout du compte, le "message" passe beaucoup mieux et la musique s'en retrouve valorisée."Mise aux poings 2001" est sorti chez Brennus qui reste notre label exclusif.
Il est agrémenté d'un tout nouveau packaging réalisé par Xavier LORENTE avec un superbe livret. Autre nouveauté : il contient effectivement une plage vidéo d'une dizaine de minutes réalisée par Olivier NELLI de GOREDOC productions. Je crois que tous ces éléments contribuent à en faire une pièce indispensable de notre discographie.

C. : Quelle sera la prochaine réedition ?

B. : Il n'y en a pas de prévue dans l'immédiat mais je pense que nous mettrons à profit une période située entre deux sorties d'albums pour réenregistrer des titres issus de "Fils de la Haine", "Danger de Vie" et "Résistances". Dans ce cas nous renregistrerons toutes les parties instrumentales et vocales à la sauce du line-up actuel en ajustant les tempos des morceaux comme nous le faisons d'ailleurs actuellement pour les titres qui sont joués en concert.

C. : Tu connais combien de Pokemons ?

B. : Aucun : je sais que c'est une des plus grosses lacunes culturelles mais bon ... je fais avec :-)))

C. : L.A.M.F kezako ?

B. : C'est l'abréviation de " Like A Mother Fucker ". Je crois que c'est assez parlant et c'est bien sûr en rapport avec le texte anglais écrit par Xavier LORENTE.

C. : Quel est ton album de KILLERS préféré ? un seul, oui un seul.

B. : " Mauvaises graines ".

C. : Parmi tous les groupes de heavy-metal français qui ont fait leurs premiers pas au début des années 80, auquel irait ta préférence ?

B. : Je dirais malheureusement "auxquels" car ils ne sont plus en activité et ils ont plus ou moins bien tiré leur révérence : TRUST, VULCAIN, ADX, SORTILÉGE, H BOMB.

C. : As-tu un avis sur la reformation de NIGHTMARE ?

B. : C'est une excellente chose car ils ont accompagné leur reformation d'un réel travail de création artistique qui plus est de grande qualité.

C. : Un mot sur le titre qui me semble être en basque sur "Killing Games" ...

B. : Il s'agit de Azken Agurraren Negarra qu'on pourrait traduire par "Les Pleurs du Dernier Adieu". Concernant la signification, la traduction se trouve sur le livret. C'est un morceau qui est sorti en 1975. Il a été écrit par GORKA KNÖRR (qui est actuellement député européen). Notre version est très différente de l'original un peu comme ce fut le cas avec l'Aigle Noir de BARBARA. Nous avons surtout gardé les paroles et la mélodie chant en l'adaptant à la sauce Killers. C'est un morceau qui appelle à une réflexion assez poussée car il évoque le sort de tous les jeunes Basques qui sont morts dans des guerres en étant souvent envoyés en première ligne comme le furent également les tireurs Sénégalais par exemple sans que forcément respect soit rendu à leur mémoire. Il est des périodes où des gens ont su se mobiliser pour combattre pour des idéaux justes et il paraît normal que tous soient honorés pour leur sacrifice. Non pas pour leur appartenance à une patrie quelconque mais pour la valeur de leur engagement personnel.
Ce n'était d'ailleurs pas toujours un engagement volontaire. On oublie trop souvent que la notion de Patrie annihile tant de destins brisés sans jamais avoir forcément la même reconnaissance selon l'origine du combattant. La patrie s'accapare les lauriers d'une victoire qui n'est pas toujours sienne. Ce n'est juste qu'un aspect de la réflexion, il y aurait de quoi alimenter tellement de débats qu'une seule plaque posée dans un village ne peut exprimer le souvenir de toutes ces vies brisées.

C. : A ce propos, La création d'un Etat Basque ?

B. : La seule façon de sortir le Pays Basque de la situation de violence actuelle est de poser la question directement aux basques par le biais d'un vote démocratique.
Le problème est que les espagnols ne souhaitent pas amener cette question devant les urnes car ils savent qu'ils ne seront pas majoritaires et ce faisant la spirale de la violence reste la seule réalité face au manque de persepective concrète. Il ne me semble pas extrémiste de demander à s'en remettre à l'avis des habitants d'une communauté quant à leur propre devenir.

C. : Juste une question qui me chatouille l'esprit depuis quelques temps : connais-tu la réaction de BARBARA suite a la reprise de L'Aigle Noir sur les excellentes "Cités Interdites" ?

B. : Je n'ai jamais eu la joie et l'honneur de la rencontrer pour avoir une réaction directement mais je sais qu'elle nous a envoyée tous ses encouragements par le biais de son éditeur. C'est pour moi une grande fierté car j'ai une énorme estime pour son oeuvre et sa personne.

C. : Allez c'est fini, un dernier mot ?

B. : Je voudrais tout d'abord remercier tous ceux qui nous ont passé un signe durant la terrible épreuve que nous vivons depuis le départ de Nicko.
Cela nous a beaucoup aidé et il est important pour nous de le faire savoir. Merci à toi de nous permettre de le dire.

C. : Merci à toi Bruno, on se retrouve en Avril :o)

B. : Avec plaisir !!!