INTERVIEW Emanuele GENTILE ( ITALIE ) 19 octobre 2001

Ca alors... un nouvel album de Killers !

C'est vrai qu'on a une actualité discographique plutôt fournie ces derniers temps et ce n'est pas prêt de se calmer
car on vient de commencer l'enregistrement d'un nouvel album qui sortira pour le printemps 2002.

"Mauvaises graines" est sorti en novembre 2000, "Killing games" en mars 2001 et "Mise aux poings 2001" en septembre 2001.

Apres toutes ces années avez vous encore l'envie de jouer du rock ?

Bien sûr !!! Plus que jamais.L'expérience te permet d'éviter beaucoup de problèmes et c'est donc beaucoup plus motivant.
On n'a d'ailleurs jamais été aussi productifs que ces derniers temps : rien que pour le prochain album on a presque trente morceaux de prêts.

Qu'est ce qui vous donne toute cette energie ?

L'entente dans le groupe est excellente : c'est forcément une des principales explications.Nous sommes très liés et cela s'est d'ailleurs vérifié après la douloureuse épreuve du décès accidentel de Nicko.De tels évènements t'obligent à décupler ton énergie.C'est la seule solution si tu veux garder un pieds dans la vie.

On peut considerer le heavy metal presque comme une religion ?

Je ne suis pas très fan de religion mais c'est vrai qu'on est fidèle à cette musique depuis un bon bout de temps.En ce sens on se sent appartenir à un esprit qui nous est propre et qui nous réunit.Cela fait plusieurs décennies que l'envie et le plaisir de jouer du heavy metal nous guide : il doit donc bien y avoir un peu de cette idée.Par contre nous n'avons pas de Dieu car nous sommes acteurs et géniteurs de notre propre conception du Heavy metal : c'est quand même beaucoup plus intéressant et passionnant qu'une véritable religion.

Qu'en pensez vous quand on vous considere comme une legende ?

Cela est dû au fait qu'on arrive bientôt sur nos vingt ans d'existence.C'est sûr que cela peut parfois donner ce sentiment et j'en suis bien sûr très honoré mais je n'oublie pas que le plus interessant reste à venir.En fait cela relève de l'appréciation de chacun : nous on continue juste en essayant de prendre de plus en plus de plaisirà jouer notre musique.

J'aimerai beaucoup que vous puissiez raconter votre histoire

Killers existe depuis 1984. On a sorti à ce jour 12 albums dont un live et on vient juste de réaliser pour la première fois dans notre
histoire une version anglaise de notre dernier cd .Tous nos albums sont disponibles en France sur le label BRENNUS .On a donc commencé en 1984 avec une formation à cinq dans laquelle je n'étais que guitariste pour finalement passer au chant en 1991 et conserver cette formule à quatre depuis maintenant dix ans. Il y a Nicko ANDRIEU à la batterie, Patrick OLIVER à la basse, Thierry ANDRIEU à la guitare et donc moi, Bruno DOLHEGUY à la guitare et au chant. Nicko est décédé le 16 juin dernier dans un accident de moto et nous avons décidé de continuer malgré notre immense peine avec Florent POUEY qui était notre road batterie ( = ami ).Nicko avait déjà eu un accident moins grave le 11 novembre 1999 et il avait été hospitalisé. Nous devions jouer le 13 et Florent avait assuré le concert. Il avait 21 ans et on ne lui avait pas trop laissé le choix. Florent a tout partagé avec nous à commencer par notre périple au festival de Wacken 99. Humainement il est clair qu'il est le seul à avoir partagé toutes nos "aventures" et comme il était hors de question
pour nous d'envisager un autre critère surtout après ce que nous avons vécu, nous avons pris cette décision.Nous tenons par contre absolument à une chose : Florent joue dans un groupe qui se nomme SPASM avec des potes très proches de nous et nous ne voulons pas casser ce groupe. Nous savons trop ce que cela représente émotionnellement. Nous mettrons donc tout en oeuvre pour qu'il arrive à mener de concert ses deux engagements.Voilà donc pour les grandes lignes mais tu te doutes qu'il n'est pas très facile de dresser un historique en quelques mots pour un groupe qui existe depuis plus de dix sept ans.

Quelles les dates les plus significatives dans votre histoire ?

1984 : la formation du groupe, 1985 : la sortie de "fils de la haine", 1986 : la sortie de "Danger de vie" mais également le changement de line-up, 1987 : la sortie de "Mise aux poings", 1989 : la sortie de "Résistances", 1990 : l'arrêt du chanteur, 1991 : je passe au chant,
1992 : la sortie de "Cités interdites", 1995 : la sortie de "Contre-courant", 1996 : la sortie de "Ennemis en public" notre premier live officiel, 1998 : la sortie de "Fort intérieur" qui sera suivie d'un changement de line-up, 1999 : l'arrivée du sang neuf de la formation actuelle , la sortie de "109" et notre participation au festival de Wacken, 2000 : la sortie de "Mauvaises graines", 2001 : pour la première fois KILLERS sort une version en anglais de "Mauvaises graines" et "Killing games" voit le jour.Dans la foulée j'ai ré-enregistrés les parties vocales de "Mise aux poings" qui était sorti en 1987 et on a donc sorti une nouvelle version intitulée "Mise aux poings 2001", pour la première fois un bonus vidéo est inclus au cd audio et cela laisse présager un dvd qui sortira peut-être en 2002.Entre temps bien sûr pleins de concerts à travers toute la France.Je dois bien sûr distinguer la pire épreuve qu'il nous ait été donné de connaître : le décès de Nicko le 16 juin 2001 suite à un accident de moto.C'est une douleur énorme et un coup au cœur qui nous poursuivra jusqu'à la fin de nos jours. Nicko était tellement adorable humainement et doué musicalement qu'on ne pourra jamais l'oublier.Nous continuons avec Florent qui était son road batterie mais si cela n'avait pas été possible je ne sais pas si on aurait continué de la sorte.

Est-il difficile etre un groupe de hard en France ?

Disons que ce n'est pas toujours facile.Il faut vraiment en vouloir mais je ne pense pas que ce soit très différent dans les autres pays.
La France est peut-être un peu moins doté de structures pour jouer live car ce n'est pas un pays très rock mais il y a un
gros noyau dur de fans qui nous soutiennent et pour nous ça nous rend les choses beaucoup moins difficiles.

"Killing Games" est le titre de votre nouvel album, pourquoi ?

Il n'y a pas de signification précise mais il est vrai que notre époque se fait de plus en plus "tueuse" et cela n'est pas prêt de s'arranger.On a donc tendance à suivre cette évolution en durcissant le ton : c'est malheureusement une obligation car l'heure n'est plus
aux discours idéalistes et utopiques.

Y-a-t-il des relations avec le processus de globalisation en vigueur ?

Il est vrai que tout cet esprit d'uniformisation est plutôt destructeur.C'est surtout l'aspect mercantile dénué de toute considération de la personne humaine qui est le plus révoltant.On ne tient que très peu compte des intéréts des individus qui n'ont que peu de poids face aux énomes pactoles financiers de la grosse machine économique mondiale.

Quelles chansons contenues dans "Killing Games" representent le son de Killers ?

Je pense que ce sont les morceaux les plus speed.Ce sont en tout cas ceux qui représentent le mieux l'orientation de la formation actuelle.On continuera bien sûr à aborder tous les tempos mais il est clair qu'on privilégiera ce côté speed.

Voulez-vous parler de la pochette de "Killing Games" ?

On peut l'interpréter de différentes manières mais pour notre première intrusion en "langue étrangère" on voulait voir ça un peu comme un plan de bataille car il est certain que "Killing games" ne sera pas unique : dorénavant nous sortirons des albums en anglais même si bien sûr nous continuerons également à sortir des albums chantés en français.

Quelles sont les thematiques que vous affrontez dans "Killing Games" ?

Les textes ont été fait par Xavier LORENTE qui normalement s'occupe plutôt des dessins de nos albums ( "Fils de la haine", " Mauvaises graines", "Killing games" et "Mise aux poings 2001" ).Je lui ai laissé une totale liberté sur les textes car je ne voulais absolument pas que ce soit une traduction exacte des textes français.Il a bien cerné et adapté "l'esprit KILLERS" à la langue anglaise.Il y a une agressivité que j'aime beaucoup et qui n'est pas pour me déplaire.Les aspects individuels, politiques et déjantés sont également abordés.Il s'en est vraiment très bien tiré car c'était loin d'être évident.

Le son est plutot traditionaliste...

Oui : on n'a pas envie de se prendre la tête à trop partir dans des expériences à ce niveau.Nous voulons faire un metal direct et énergique.Ce sont les morceaux qui doivent faire la différence : c'est là que se trouve notre identité.

Ce qui me plait en Killers est le fait que vous faites conjuguer le hard avec le rock...

Musicalement on est plus hard que rock mais c'est vrai qu'au niveau des textes et de la façon de se comporter : on a pas mal de côtés rock notamment par le fait qu'on ne fait rien vraiment comme tout le monde.Cela peut parfois dérouter mais c'est ainsi qu'on voit les choses et ce n'est surtout pas le business qui va nous faire changer d'attitude.

Les caracteristiques les plus importantes de votre son...

Tout simplement le fait qu'on n'en recherche pas un spécialement.On ne se pose pas de questions : on branche les instruments et on enregistre.C'est aussi simple que ça.S'il fallait passer des mois sur les mêmes morceaux, on en aurait vite marre.Je ne dis pas que c'est la meilleure des méthodes pour réussir mais en tout cas c'est la notre et elle nous va très bien.

J'aimerai connaître les reactions de la presse...

En France nous avons un bon soutien de la part de HARD ROCK MAGAZINE et de ROCK HARD.C'est pour nous très important car on a rarement eu un bon soutien chez nous de la part de deux magazines nationaux.Sinon à l'étranger on s'en tire plutôt pas mal et c'est loin d'être le cas pour les tous les groupes français.

Quand ferez-vous une grosse tournée dans toute l'Europe ?

Malheureusement ce n'est pas encore prévu.Nous n'avons pas les moyens de nous lancer dans une telle entreprise.Par contre, pour des dates ponctuelles il n'y a pas de problème mais nous ne pouvons les organiser à distance.Il faut donc que d'éventuels organisateurs nous contactent : comme nous ne sommes pas très gourmands financièrement parlant, j'espère que cela pourra se faire.

L'avenir pour Killers ?

L'enregistrement du nouvel album qui sortira au printemps 2002.Nous continuons quand même les concerts et j'espère qu'on aura l'opportunité de venir enfin vous rendre visite.

Votre philosophie de vie ?

Faire du mieux qu'on peut avec les moyens qu'on a mais surtout : faire !!!

INTERVIEW Emanuele GENTILE ( ITALIE ) 19 octobre 2001