Killers : A l'ombre des vautours Le premier piège, face à un album de Killers (et non The Killers…), c'est de chroniquer non pas le disque, mais le groupe lui-même. Parce que d'emblée, on aurait plutôt tendance à en dire du bien et, longue histoire à l'appui, à vous raconter combien ce combo, dernier survivant (reformations plus ou moins épisodiques mises à part) de la scène hard-métal française des années 1980, est sympa, dénué d'ego, sincère, combatif. Sans oublier que son précédent album, Habemus Metal, sorti en 2002, était une véritable bombe, qui n'en finit pas d'exploser régulièrement mes enceintes. Donc, pour les retardataires, voici un rapide topo ; ensuite, nous ferons comme si Killers sortait de nulle part et que son histoire nous laissait de marbre. Le groupe a été fondé il y a près d' un quart de siècle. Le guitariste Bruno Dolheguy, qui assure également le chant depuis 1990, en est le seul membre originel et la figure de proue. Les Basques se font un nom en dégainant trois albums coup sur coup, de 1985 à 1987 : Fils de la Haine, Danger de Vie et Mise aux Poings.Si les sorties s'espacent ensuite, le combo n'a jamais décroché et connaît même un regain d'activité depuis la fin des années 1990, consacré par une prestation au festival du Wacken, en Allemagne, en 1999, et ce Habemus Metal, en 2002, qui fit élire Killers meilleur groupe français de l'année par les lecteurs du magazine Hard Rock. La formation actuelle, outre Bruno Dolheguy, est composée de Thierry Andrieu (guitare), Patrick Oliver (basse) et Florent Pouey (batterie), qui a remplacé Nicko Andrieu, décédé en 2001. Le style : métal forever ! Un heavy a fort penchant Mötörhead speed-métalisé, qui fait souvent penser à Running Wild, et agrémenté de touches thrash et punk, pas si éloignées, dans l'esprit (et dans les textes, en français, qui n'ont pas leur plume dans leur poche), d'un The Exploited de Beat The Bastards.En résumé : y a baston (et même : y'a bastos…). Impossible par ailleurs d'évoquer Killers en passant sous silence cette sincérité absolue qui semble animer le groupe et son indéboulonnable leader, qui a pourtant vu passer des pelletées de membres aux différents postes. Dolheguy est homme de conviction, parfois bien tranchées, mais pas de grosse tête. Ce qui se traduit, par exemple, par l'organisation régulière d'un mini-festival sur les terres du groupe, à Bidache (pour la programmation, voir le site Bidache métal). Alors, quid de A l'ombre des vautours ? En vérité, il s'agit d'un album de Killers pur jus, peut-être plus direct que Habemus Metal.Près de 70 minutes de musique pour vingt-deux titres, dont deux reprises (Mötörhead et Manowar) aux paroles revues et corrigées, et une bastonnade quasi permanente qui fait chauffer la double pédale. C'est d'ailleurs le principal reproche qu'on peut faire à l'album : speed quasiment de bout en bout, vindicatif (Dolheguy ne s'est pas calmé dans ses paroles ni dans sa façon de chanter, très rentre-dedans et sans effet), hargneux, il peut sembler linéaire a priori. Difficile de l'ingurgiter d'un coup, en dépit de quelques surprises, comme l'introduction d'un poème de Baudelaire (« L'ennemi ») ou l'adaptation du célèbre thème de la symphonie n°4 de Dvořák, dite "du Nouveau Monde". Les sujets abordés varient entre problèmes de société (« Deux bastos dans le cigare », « www.misere » ou « Pas de pitié »), constats plus personnels sur la difficulté de vivre à son idée, parmi les « vautours » et déclarations de fidélité à sa musique (« Faire du métal »). Mais une fois de plus, ce qui ressort avant tout, c'est que ce disque sent la passion des types qui en sont à l'origine. On peut aimer ou détester cette façon de faire, cette musique sans fioritures et parfois même basique de manière assumée (et pourtant variée, finalement, Fabien M. |