Killers
A l'Ombre Des Vautours
9/10
5 ans ont passé depuis Habemus Metal (2002), et malgré une active présence scénique, un live, un tribute et un DVD (on ne peut pas parler de groupe en sommeil c’est clair), les fans de Killers attendaient ce disque depuis bien trop longtemps. C’est simple, depuis leurs débuts en 1985, les basques n’avait jamais fait autant patienter leur public. Jamais une demi décennie avait réussi à s’écouler sans que Bruno Dolheguy ne fasse rugir son groupe en gravant leurs méfaits sur Disque. Fer de lance du Catalogue Brennus, Killers, fleuron du Heavy français, plus Speed que jamais, lâche en ce mois d’Avril 2007 ce qui peut être considéré comme la plus grosse bombe francophone de l’année au rayon cavalcade de guitares et haine acerbe. Et oui, pas la peine d’y aller par quatre chemins, A L’ombre des Vautours se classe immédiatement comme l’un des tout meilleurs albums du Gang du 64.
Garni de 22 titres, 22 balles pour une seule tête, visée par les revendications musicales d’une Dolheguy en grande forme, tant au niveau des textes que du son, Speed comme jamais. Passé la pochette ‘‘à la va-vite’’ comme le confesse le protagoniste lui-même, trop empressé de distribuer ses baffes à tour de riff, c’est bien d’un Heavy burné Made In Killers qu’il s’agit.
Une fois l’alarmante introduction (L’enfer du décor) passée, c’est Deux Bastos dans le cigare qui prend le contrôle. Rapide et direct, Killers annonce la couleur. Nos quatre musiciens sont remontés et ont plus envie que jamais de botter le train de tout ceux qui se mettront au travers de leurs chemins, aussi musicaux soient ils. Difficile de faire étal sur papier de la profondeur de pensée de ce disque en tout point remarquable, mais il serait criminel de passer sous silence l’intelligence de compositions, permettant à l’opus de passer du plus viril des morceaux de Speed à un instrumental alambiqué forçant le respect. Empruntant tour à tour des notes à la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak ou quelques vers à Charles Beaudelaire (l'Ennemi), les musiciens du groupe affirment sans remplissage tout l’amour qu’ils vouent au travail bien fait. Reprenant Manowar sur Habemus Metal (Black, Wind, Fire and Steel) dans la langue de Molière ou françisant Mötörhead sur Overkillers, il va sans dire que les basques se sont fait plaisir.
Sans concessions ni obligations, personnel et bien plus varié que leurs anciennes productions, Killers convaint. Bruno semble avoir cédé du terrain aux influences plus modernes de ses néo-acolytes, plus jeunes et héritiers d’un passif Thrash/Death identifiable par touche sur certains titres.
Excellemment exécutée, la musique du gang est exquise, alambiquée, et sertie de Soli de tout premier plan. Quelques passages rappelleront pêle-mêle Megadeth ou Iron Maiden (Il est établi que Dolheguy est un musicien exceptionnel) pour le plus grand plaisir du mélomane métallique qui pourait se laisser séduire par l’alléchante diversité artistique du groupe.
Arabisante sur Pas de pitié, Punk irrévérencieux sur No Future, Killers flirtent avec différentes bordures musicale distinctes sans jamais sombrer, comme à jamais préservé par un passif Heavy Omniprésent.
Urgent mais mature, instinctif certes mais plus que jamais établi, Killers frappe fort et juste en proposant, sans compromis ni négociations, un album plus complet et accessible que l’ensemble de leur discographie.
Blindée de références musicales (Helloween dans la ronde des couillons, avec son intro emprunté au thème ah ça ira, ça ira ; AC/DC et Trust dans Faire du Metal…) cet opus ne lasse jamais (irréel pour un disque de 70 minutes), rageur et subtil, à l'Ombre des Vautours est un coup de maître musical décelable par toute personne qui se laissera pénétrer par l’anticonformisme de ce Quatuor aux multiples vies.
Gardant le sombre dessein d’Habemus Metal comme Leitmotiv, Killers sert, avec ce nouveau disque, un aveu noir et intelligent émaillé de merveilles musicales, offrant au groupe, et au Metal français en général de nobles lettres pour habiller l’histoire relativement obscure de ce style dans notre frileux pays.
Iro22 |