KILLERS - A l’Ombre des Vautours Depuis leur premier album Fils de la Haine paru en 1985, dont se souviennent avec nostalgie les anciens qui ont connu cette époque, les Basques de Killers sont devenus une institution en France, nous livrant avec régularité des albums studios entrecoupés d’albums en public. Si de cette première époque, il ne reste plus, et ce depuis longtemps, que Bruno Dolheguy dans la formation, force est de constater que le groupe est néanmoins soudé depuis plusieurs années. Ce nouvel album en apporte une nouvelle preuve, tant le metal du groupe est compact, chargé jusqu’à la gueule de riffs efficaces. Premier constat, le son est énorme, les guitares affûtées et la voix de Bruno rocailleuse et agressive à souhaits. La variété des ambiances et des rythmes fait de cet album un beau condensé de tout ce que le metal peut apporter et réaliser : morceaux speed ("Deux bastos dans le cigare", "Nouveau monde", "Trajectoires" et "Voyeur"), compositions lentes ("Seul dans mon coin") et titres changeant plusieurs fois de tempos ("Combien de fois?", "Pas de pitié", "www.misère"). Le groupe revisite le metal, rendant hommage à Manowar : "Habemus metal", à Motörhead : "Overkillers", jouant sur les terres de Helloween : "La ronde des couillons", tout en jouant avec les stéréotypes du metal des années 80 : "Trop tard" et du punk : "No Future". A l’Ombre des Vautours est un hymne au metal, sorte de plaidoyer métallique : "Faire du métal". Plus de vingt ans après, Killers frappe toujours, sans doute plus fort encore qu’à l’époque. En tout cas, une chose n’a pas changé : les paroles qui, à la fois, évoquent des thèmes puissants (la guerre, l’altérité, le mal-être, les désillusions…), mais souvent d’une manière tellement maladroite que cela en devient attendrissant ("Habemus metal", "Deux bastos dans le cigare", "Overkillers"… rassemblent tout ce que le metal peut écrire de médiocre. C’est aussi naïf et mauvais que Manowar, c’est pour dire !) Et cela est accentué par l’utilisation, justifiée (mais mal narrée… on dirait un film de Jean Rollin !) du poème « L’Ennemi » de Baudelaire. C’est un peu dommage, car avec un vrai parolier, Killers passerait sans doute un cap… (et perdrait son statut de groupe culte ?) Ne vous arrêtez pas à ça ! D’autant plus que les guitaristes s’amusent avec le classique, des airs populaires et des clins d’œil à de nombreux groupes ! A acheter, évidemment ! Denis Labbé - Juin 2007 |